"Alors que le soleil dardait la plaine morne des tarides de ses flèches brûlantes, que les animaux de la savane se pavanaient à l'ombre des arbres géants et à la fraicheur des hautes herbes, une silouhette apparut au lointain. Je crus tout d'abord qu'il s'agissait d'un ennemi. engoncé dans une armure plus noire que la nuit, un heaume intégral cachant son identité, l'inconnu avait l'air du parfait guerrier envoyé par Arthas ou ses sbires. Son apparence menaçante tranchait particulièrement avec la quiétude de la plaine ce jour là. a mesure que je le distinguais et qu'il se rapprochait, je remarquai son tabard frappé aux couleurs des Epigones d'Izaca. Sire Khai.
L'allure gracieuse de l'elfe ne me trompa nullement. A mes oreilles le faeries du vent me chuchottaient son nom. L'elfe ota son casque en arrivant vers moi, répriment quelques gouttes de sueur qui cehrchaient à gagner son cou.
Le flegme légendaire de Khai éclaira cet instant. D'un sourire nonchalant il me salua à l'alali.
puis le noir total.
Je ne saurais dire si le soleil des tarides avait tapé sur mon front plus que de raison ce jour là ou si cette étrange étoffe y était pour quelquechose.
Lorsque je repris connaissance mon visage était maculé d'une graisse poisseuse et noirâtre. Mon compagnon m'expliqua qu'un oiseau aussi grand qu'un dragon s'était oublié par là et que le choc m'avait assommé.
Je gage que mon interlocuteur voulait tout simplement m'éviter les véritables raisons embarrassantes de ma défaillance.
Sire Keiro se trouvait à présent à côté de lui, et la chaleur des steppes était remplacée par une ombre bienfaisante.
Nous étions à Orgrimmar. L'elfe me voyant défaillir avait du me transporter sur le dos de son Renne pour me préserver d'une insolation supplémentaire.
Nous échangeames longuement sur les raisons de mon malaise. J'appris malgré moi que je fus pris d'un élan violent me posant en victime et repoussant même mes nouveaux compagnons. Dans ma besace d'herboriste, tout le chardon sangland avait disparu. Khai m'avoua que d'un trait j'avais enfourné la poignée du narcotique au fond de ma gorge.
Ceci ne me ressemblait guère. J'utilisais le chardon quand il me fallait puiser dans la mana si je me trouvais en teritoire hostile et que les éléments nécessaires n'étaient pas présents. Pris avec discernement, cette herbe me permettait de surmonter la soif de mana si commune à notre peuple. Je connaissais les effets de cette plante, aussi dévastateurs furent ils s'ils étaient pris en trop grande quantité. Cela m'étonna tout d'abord, mais je m accrochai aux lèvres de mon interlocuteurs pour connaitre la suite. C'est ainsi qu'un élément perturbateur vint entacher son récit.
Khai me parla de cette étrange étoffe.
ce morceau de brocard rouge sang brodé d'un dragon noir que cette mécréante m'avait donné quelques jours plus tôt.
C'était le second morceau d'étoffe que je récupérais de cette sorte. Le premier fut trouvé lorsque nous étions aux prises avec la lame Ardente dans le gouffre de Ragefeu. Sire Asthaïn, alors à nos côtés nous avoua qu'il s'agissait là de l'héraldique de son ancienne guilde : le Senthoï calädaï. Asthaïn nous raconta alors que nombre de ses compagnons avaient péri ce jour là dans ces grottes volcaniques.
Mais pouruqoi cette étrange silouhette qui était venue me visiter une première fois il y a plusieurs semaines était revenue me donner ce bout de tissus?
Je présentai la pièce à Khai et Keiro. Khai fut pris d'une étarnge transe rien qu'à son contact. Il marmona des paroles incompréhensibles, parla de néfarian, puis d'un grand chien, et prononça le nom de Ruby. Lorsqu'il reprit ses esprits ilavait oublié jusqu'à la moindre virgule de son récit. Keiro me rassura en m'expliquant que sire Khai était un véritable prescient et que ce genre de transes lui arrivait parfois. Les dons de médium de mon compagnon m'étonnèrent tout d'abord, mais les informations qu'il me révélà là pourraient m'être utiles pour comprendre ma propre condition.
Khai m'avoua également que trois mots revenaient sans cesse dans son esprit " Elune pour Toujours".
Le chasseur ne devait pas connaitre les légendes de nos cousins Keldorei à propos de leur déesse Elune, car il ne mesura pas la portée de ses mots. Un dernier nom lui vint à l'esprit, celui de Prestor.
Je ne saurais dire si tout ceci avait un lien avec mon étrange condition ou cette étoffe. mais il me fallait avoir le coeur net. Je passerai d'orénavant mes nuits à déchiffrer les manuscrits parlant d'Elune, de Prestor et du Senthoï calädaï. tout ceci devait avoir un lien.
Je quittai mes compagnons en les remerciant des soins prodigués, ma prochaine étape serait le bois d'Orneval, là bas la présence des Keldorei et de leurs puits de Lune m'éclairerait vraissemblablement sur beaucoup de choses."
Aërindeel posa sa plume, se releva de la confortable paillasse de la ferme ou il avait établi ses quartiers et appela les vents. Un busard arriva, pris la missive et disparut presqu'aussitôt dans le firmament.
L'oreille tendue, les sens aux aguets, Aërindëel se redressa de toute sa hauteur. La nuit était fraiche dans les tarides, aussi décida-t-il de faire un peu de feu...
"le feu quel magnifique élément je devrais m'y concentrer un peu plus encore... le feu." un rictus barra la visage du barde avec pour seul témoin les visages d'une famille orque agonisante allongée au sol près de lui.