voilà plusieures heures qu'Amrod et ses compagnons battaient les terres poussiéreuses des plaines de Durotar. Derrière eux disparaissait lentement la silhouette de dernier poste de garde de la terre sacrée des orques. Toute l'étendue des tarides leur offrait son paysage d'or et d'azur. La savane n'était pas une terre bien vallonnée et la progression se ferait moins difficilement que dans les ravines escarpées de la vallée d'orgrimmar. Leur première étape serait la Croisée. Cette ville de la horde, établie au croisement de routes commerciales dont elle tire son nom permettrait aux Epigones et aux montures de reprendre un peu de fraicheur bien méritée. La croisée était souvent sujette aux attaques de l'alliance désireuse de faire sienne cet endroit hautement stratégique., mais les Tarides étant à l'intersection des routes des Pitons du Tonnerre et d'Orgrimmar, les forces humaines s'étaient toujours faites bouter grâce à l'intervention de quelque héros et à la résistance exceptionnelle de la milice orque et troll de la ville.
Alors que le soleil de plomb harassait la colonne en marche, Fûma s'arrêta un instant. D'un signe entendu il demanda à zayhan de rester près de lui.
Intrigués par l'écart mis par les deux compagnons, Aërindeel éperonna son loup qui rejoignit bientôt le duo.
- mais enfin pourquoi vous arrêtez vous? nous ne devrions plus être loins.
le barde désigna au loin un pic se dressant au milieu de nulle part.
- il faudra compter quelques heures de cheminement... tout au plus.
Fûma sourit.
- A quoi bon mon cher barde de jeter nos ennemis vers notre retranchement. Si nous ne regardons pas en arrière nous risquons de devoir déménager souvent...
Aërindeel fronça les sourcils et scruta l'horizon.
- allons allons... seul l'oeil et l'oreille d'un maître espion peut distinguer la menace. Ils sont deux. Un nain et un humain à nous suivre depuis Orgrimmar.
Le barde écarquilla les yeux
- ce sont eux Fûma... j'ai vu deux personnes apppartenant à l'alliance discuter avec le chef de la milice à Lune d'Argent avant que nous ne quittions la capitale. Ils doivent être à nos trousses...
- et cela ne t'a en aucunement gêné de voir un hommee tun nain dans notre bonne vieille cité? Appelle moi Zakune Tous trois nous allons nous occuper d'eux.
Le barde se contenta d'acquiescer puis éperona pour chercher le chasseur troll.
A la faveur de l'agitation de la croisée, les Epigones se défirent de leurs trois compagnons. Le temps de prendre quelques rations sêchées et de l'eau pour poursuivre le voyage, de rafraichir les montures et de permettre à certaines epigones de profiter de l'artisnat local, la colonne se remit en marche vers le nord, afin de brouiller les pistes.
La foule de la Croisée issue des quatre coins d'Azeroth évoluait dans un
brouhaha bon enfant criant à qui voulait l entendre pour vendre des produits issus du continent entier. Artisans, marchands, guerriers en goguette et mages désabusés se cotoyaient. Les étals colorés des marchés et la gouaille des vendeurs tranchaient avec les lourdes palissades ceignent la cité et rappelant l'état de siège quasi permanent qu'avait à subir l'avant poste de la Horde.
La maître assassin venait de repérer les deux chasseurs de primes. Futés comme un trogg ils s'étaient contentés d'observer les epigones du coin de l'oeil et de préparer leurs montures pour continuer à les suivre.
Fûma sourit lorsqu'il vit le nain commettre une erreur irréparable... La petite créature barbue venait de quitter son compagnon pour se diriger vers l'auberge. La soif des nains pour la bière était légendaire et souvent synonime d'erreur fatale.
L'elfe drapa son visage et se mit sur ses pas. De leur côté, Zahyan et Zakune observait l'air de rien, postés en haut d'une des tours de guet l'humain vêtu de sa lourde armure. A n'en pas douter aux codex qui pendait à sa ceinture il devait s'agir d'un Paladin... ou en tous les cas d'un paladin déchu, car la Lumière n'autoriserait pas ses enfants à tomber si bas. L'homme faussement intéressé par les marchandises gradait en permanence un oeil sur la colonne des Epigones en partance. Lorsqu'il vit les compagnons partir, il jeta nonchalament l'objet qu'il estimait pour rejoindre son nain de compagnon.
Braillard et grossier le nain martelait le bar fait pour les orques dont à peine le haut de sa capuche dépassait. Dans un orque médiocre il réclama à boire. La créature porta la chope à se lèvres et la vida d'un coup. La serveuse trolle lui ramena deux chopes. alors qu'il portait la deuxieme à sa bouche, hagard il vit le précieux liquide souiller ses vêtements, se teinter de rouge, et dans un gargouillis immonde se rendit compte que toute la bière qu'il ingérait ressortait illico par la fente béante que Fuma venait de lui tracer sur le cou. la silhouette trappue s'effondra.
- l'ivrognerie est un défaut mortel mon cher ami... Le visage plein d'ironie du maître assassin fut la dernière image que perçurent les yeux exhorbités du nain agonisant.
L'elfe jeta une petite bourse sur le comptoir.
- pour le ménage ma belle.
La trollesse ramassa avidement la fortune et s'employa à faire disparaitre les traces du méfait.
De son côté, le paladin était perdu entre l'envie de poursuivre les epigones ayant quitté la ville et l'inquiétude qui l'étraignait à l'attente de son compagnon. Il allait tantôt à droite puis a gauche avant de se raviser à rejoindre son sbire vers la taverne.
Une flèche se planta à ses pieds, l'arrêtant net dans son élan.
Zakune lui lança un salut amical du haut de la tour de guet.
conscient du guet apens, le paladin invoqua la lumière et se nimba d'une aura dorée. Evitant les projectiles en zigzaguant et déviant les autres de son bouclier, il se rua au pied de l'édifice de garde, fauché dans sa course par une charge qu'un mur de pierre ne pourrait tenir.
Zayhan poussa un grognement de défi. Tête à tête le paladin et le tauren se toisaient. L'homme renversé pointa le guerrier du doigt. Instantanément, Zayhan fut renversé par un choc lumineux qui n'avait rien à envier à la charge qu'il venait d'infliger au chasseur de primes.
Avec la rage au ventre l'homme se jeta sur le tauren à terre, l'épée au clair. Zakune tentant d'aider son compagnon en mauvaise posture tira une nouvelle volée qui se heurta à une barrière invisible qui entourait le combattant.
Au même instant l'homme pointa du doigt en direction du troll et invoqua les puissances de la lumière. Un marteau lumineux se matérialisa devant le paladin et vint ébranler les structures porteuses de la tour. Zakune tomba comme une pierre, renversé par la violence du tremblement, assommé dix mètres plus bas.
Zayhan se releva et gratta le sol de son sabot.
- tu n'aurais pas du faire cela l'ami... je risque d'en faire une affaire personnelle à présent!
Loin du tumulte du combat qui s'opérait derrière eux, la colonne des épigones cheminait sans tarder vers le nouveau havre de paix qui les attendait. Le crépuscule tombant étirait les ombres jetant une lueur rouge annonciatrice du sang qui serait versé ce soir...